Les éditions Gallimard publient le premier roman de René « Echec et mat » . Le couple vient alors s’installer à Paris, boulevard de Courcelles. Tandis que René travaille dans un journal automobile (Europe-Auto), Simone reprend ses études de droit (préparation de plusieurs DES) tout en travaillant d’abord comme institutrice à Nanterre, près du bidonville, puis à l’école maternelle à Issy-les-Moulineaux. Puis elle a la chance d’obtenir un détachement à la Radio-Télévision scolaire ou l’ambiance est particulièrement bonne. Simone fait enregistrer, à la maison de la radio les émissions de radio-scolaire et rencontre à cette occasion de nombreux acteurs et même le metteur en scène Eric Rohmer qui, lui aussi, est détaché de l’éducation nationale, ainsi que l’écrivain Michel Chaillou qui produit de nombreuses émissions de français jusqu’en 1970. Elle rédige, pour la revue « Documents pour la classe » des articles accompagnant ces émissions de radio. Elle réalise aussi, avec la télé scolaire, des émissions de droit du travail.En 1968, la radio-télévision scolaire participe activement à la grande grève qui se prolongera pendant plus de deux mois, avec des réunions journalières qui permettent aux personnes de la maison de mieux se connaître et de sympathiser. C’est ainsi que Simone fait la connaissance d’une collègue, Madame Pradinas, femme du réalisateur de la télévision nationale. Elle lui indique que l’un de ses amis est vendeur d’une petite maison dans le Perche. On décide alors d’aller voir avec elle cette maison et d’en profiter pour visiter la région, par la même occasion.

Une nouvelle demeure

René et moi sommes séduits par cette campagne magnifique, ses forêts, ses étangs… La maison a l’avantage d’être complètement isolée et nous pensons que cette solitude nous permettra d’écrire et de nous reposer de la vie parisienne à laquelle il a fallu nous adapter. Nous décidons alors d’acheter cette petite maison qui deviendra notre résidence secondaire.

La petite maison dans le Perche de René et Simone Ballet

Dès lors, le couple passera la plupart de ses week-ends dans cette merveilleuse région du Perche Normand ; à proximité du village de La Ferté-Vidame, ancien fief du Duc de Saint-Simon qui rédigea ses célèbres Mémoires dans son château du quatorzième siècle, reconstruit au 18ème siècle et ruiné à la Révolution française. Il n’en reste aujourd’hui qu’une ruine impressionnante ainsi que les communs baptisés « le petit château ».

Les ruines du château du Duc de Saint-Simon

C’est dans ce « petit château » et son immense parc, qu’est attribué chaque année par « Les Amis de La Ferté-Vidame » à un écrivain-historien, le prix Saint-Simon. Jean Desailly l’obtiendra pour son ouvrage autobiographique et viendra le recevoir accompagné par l’actrice Simone Valère. De même, une autre année, ce sera le metteur en scène Henri Verneuil, qui se verra décerné ce prix pour son roman « Mayrig » consacré au souvenir de sa mère. Et bien d’autres encore, tels que Jean Dutourd, Jean Piat, Alain Decaux, Philippe Sollers, Claude Lanzmann, Marc Ferro…

Les bienfaits de la vie au calme

Ces périodes dans la région du Perche permettent au couple de se ressourcer… Car la vie parisienne est très remplie. Tandis que René publie plusieurs romans et essais ainsi que de nombreux reportages, Simone passe le concours du CAPES et le réussit (rang : 3ème) ce qui l’oblige à quitter la radio-télévision scolaire et à accepter un poste de professeur de sciences économiques au lycée Jacques Prévert à Boulogne.

Classe de Terminale au Lycée de Boulogne-Billancourt en 1975

Pendant ce temps, René  accepte de collaborer à la Direction des Relations extérieures du groupe Fiat à la Défense, ce qui permet au couple d’acheter un appartement dans l’agréable commune de Vanves, face à la Tour Eiffel. Simone, tout en enseignant, prépare une thèse de doctorat d’état en droit du travail sous la direction du Professeur Gérard Lyon-Caen, « Les conflits entre syndicats ». Cette thèse est soutenue en  1978 à l’Université de Paris Panthéon-Sorbonne et obtient la mention Très bien avec les félicitations du jury composé de Gérard Lyon-Caen président, Marcel David et Philippe Langlois.
Elle est alors nommée à l’Institut Universitaire de technologie, « Carrières de l’information » de l’Université Paris V René Descartes où elle enseigne le droit du travail et l’économie générale, matière pour laquelle elle a obtenu l’agrégation de « sciences économiques ».

Dans le Perche, avec ses étudiants en « Relations publiques » (juin 1983)

Très vite, cette magnifique région n’attire pas seulement les étudiants, mais aussi les amis parisiens (dont certains même viennent s’y installer). Peu à peu, des réunions de travail vont s’y organiser.

C’est ainsi qu’un groupe de professeurs du département « Carrières de l’information » (où travaille Simone) décide d’y venir pour préparer en toute tranquillité le programme de l’année universitaire à venir.

Le travail devient alors plus agréable et plus facile dans ce contexte, et donc plus efficace.

De même, les participants à « La Revue Commune » que dirige René suggèrent de s’y réunir périodiquement afin de préparer le programme de l’année de la Revue. Le premier numéro de cette Revue est sorti en février 1996 avec le commentaire suivant sur sa couverture : « La Revue Commune est un produit dangereux : sa lecture nuit gravement à la quiétude ». Le dossier de cette revue s’intitule :

« la censure ici et maintenant »

Elle est une revue de combat.

Et cela se prolongera pendant une quinzaine d’années dans la joie pour les participants de se retrouver chaque automne dans notre grange rénovée du XVIIIe siècle autour du bureau légué à René par Roger Vailland (décédé en 1965). Le dernier numéro est paru en septembre 2011, ces réunions se terminant par de joyeuses et sympathiques agapes.